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bien de louer le pouvoir
 Ceste beauté, qui decore le monde ?
 Quand pour orner sa chevelure blonde
 Je sens ma langue ineptement mouvoir ?
Ny le romain, ny l’atique sçavoir,
 Quoy que là fust l’ecolle de faconde,
 Aux cheveulx mesme, où le fin or abonde,
 Eussent bien faict à demy leur devoir.
Quand je les voy’si reluysans, et blons,
 Entrenouez, crespes, egaulx et longs,
 Je m’esmerveille, et fay’telle complaincte.
Puis que pour vous (cheveulx) j’ay tel martyre,
 Que n’ay-je beu à la fontaine saincte ?
 Je mourroy’cygne, ou je meurs sans mot dire.

IX

Garde toy bien ô gracieux Zephire !
 D’empestrer l’esle en ces beaulx nœuds epars,
 Que çà, et là, doulcement tu depars,
 Sur ce beau col de marbre, et de porphire.
Si tu t’y prens, plus ne vouldras nous ryre
 Le verd printemps : ainçoys de toutes pars
 Flore voyant que d’autre amour tu ards,
 Fera ses fleurs dessecher par grand’ire.
Que dy-je las ! Zephire n’est-ce point,
 C’est toy Amour, qui voles en ce point,
 Tout à l’entour, et par dedans ces retz.
Que tu as faictz d’art plus laborieux
 Que ceulx, ausquelz jadis feurent serrez
 Ta doulce mere, et le Dieu furieux.

X