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mention de quelques sçavans hommes de nostre France. Les uns diront que j’en ay laissé que je ne devoy’pas oublier : les aultres, que je n’ay pas gardé l’ordre, nommant quelques ungs les derniers, qui meritoient bien estre au premier ranc. Je n’ay qu’une petite response à toutes ces objections frivoles : c’est que mon intention n’estoit alors d’ecrire une hystoire, mais une poësie. Et combien ce genre d’escrire est peu consciencieux en telles choses, je m’en rapporte seulement à ceux qui l’entendent. Mais pourquoy pren-je tant de peine, lecteur, à preoccuper l’excuse de ce qui sera trouvé (peult estre) la moindre faulte de mes œuvres ? J’ay tousjours estimé la poësie comme ung somptueux banquet, ou chacun est le bien venu, et n’y force lon personne de manger d’une viande ou boire d’un vin, s’il n’est à son goust, qui le sera (possible) à celuy d’un aultre. C’est encor’la raison pourquoy j’ay si peu curieusement regardé à l’orthographie, la voyant au jourdhuy aussi diverse qu’il y a de sortes d’ecrivains. J’appreuve et loue grandement les raisons de ceux qui l’ont voulu reformer, mais voyant que telle nouveaulté desplaist autant aux doctes comme aux indoctes, j’ayme beaucoup mieulx louer leur invention que de la suyvre : pource que je ne fay pas imprimer mes œuvres en intention qu’ilz servent de cornetz aux apothequaires, ou qu’on les employe à quelque aultre plus vil mestier. Si tu treuves quelques faultes en l’impression, tu ne t’en dois prendre à moy, qui m’en suis rapporté à la foy d’autruy. Puis le labeur de la correction est tel, singulierement en un œuvre nouveau, que tous les yeux d’Argus ne fourniroient à voir les faultes qui s’i treuvent.

IO. AURATUS IN OLIVAM

Sola virûm nuper volitabat docta per ora
  Laura, tibi Thuscis dicta, Petrarcha, sonis :
Tantaque vulgaris fuerat facundia linguas,
  Ut premeret fastu scripta vetusta suo.
At nunc Thuscanam Lauram comitatur Oliva
  Gallica, Bellaii cura laborque sui.
Phoebus amat Laurum, glaucam sua Pallas Olivam :
  Ille suum vatem, nec minus ista suum.