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Non pour trouver ici de plus doctes escrits
Que ceux que le François soigneusement assemble,
Mais pour l’air plus subtil, qui doucement nous emble
Ce qui est plus terrestre et lourd en nos esprits.

Je ne sçay quel Demon de sa flamme divine
Le moins parfait de nous purge, esprouve, et affine,
Lime le jugement, et le rend plus subtil.

Mais qui trop y demeure, il envoye en fumee
De l’esprit trop purgé la force consumee,
Et pour l’esmoudre trop lui fait perdre le fil.

LXXIII

Gordes, j’ay en horreur un vieillard vicieux,
Qui l’aveugle appetit de la jeunesse imite,
Et jà froid par les ans, de soymesme s’incite
À vivre delicat en repos ocieux.

Mais je ne crains rien tant qu’un jeune ambitieux,
Qui pour se faire grand contrefait de l’hermite,
Et voilant sa traison d’un masque d’hypocrite,
Couve sous beau semblant un cœur malicieux.

Il n’est rien (ce dit-on en proverbe vulgaire)
Si sale qu’un vieux boucq, ni si prompt à mal faire
Comme est un jeune loup, et, pour le dire mieux,

Quand bien le naturel de tous deux je regarde,
Comme un fangeux pourceau l’un desplaist à mes yeux,
Comme d’un fin renard de l’autre je me garde.

LXXIV

Tu dis que Dubellay tient reputation
Et que de ses amis il ne tient plus de compte :
Si ne suis-je, Seigneur, Prince, Marquis ou Conte,
Et n’ay changé d’estat ni de condition.

Jusqu’ici je ne sçay que c’est d’ambition,
Et pour ne me voir grand ne rougis point de honte,
Aussi ma qualité ne baisse ni ne monte,
Car je ne suis suject qu’à ma complection.