Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 3.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE PREMIER LIVRE
DES
ANTIQUITEZ DE ROME

I

Divins esprits, dont la poudreuse cendre
Gist sous le fais de tant de murs couvers,
Non, vostre los, qui vif par vos beaux vers
Ne se verra sous la terre descendre.
Si des humains la voix se peut estendre
Depuis ici jusqu’au fond des enfers,
Soyent à mon cry les abysmes ouvers
Tant que d’en bas vous me puissiez entendre.
Trois fois cernant sous le voile des cieux
De vos tombeaux le tour devotieux,
A haute voix trois fois je vous appelle :
J’invoque ici votre antique fureur,
En cependant que d’une sainte horreur
Je vais chantant vostre gloire plus belle.

II

Le Babylonien ses hauts murs vantera,
Et ses vergers en l’air, de son Ephesienne !
La Grece descrira la fabrique ancienne,
Et le peuple du Nil ses pointes chantera :
La mesme Grece encor’ vanteuse publira
De son grand Juppiter l’image Olympienne,
Le Mausole sera la gloire Carienne,
Et son vieux labyrinth’ la Crete n’oublira.