Sonnet d’un Quidam.
Que songeois-tu, Bellay, lors que parmi tes rymes
Après s’estre moqué des Papes, et des Rois,
Tu as eu contre nous ozé dresser ta voix,
En nous chargeant, menteur, impudemment de crimes ?
Pour avoir servi Christ couppables nous estimes,
Autre blasme sur nous mettre tu ne pourrois
Qu’en mentant faussement : cesse si tu m’en crois,
Jette au feu tes Sonnets, tes plumes et tes limes.
Car c’est au Dieu vivant, à qui tu fais la guerre.
Et quoy ? penses-tu bien par là bon bruit acquerre ?
Mais Rome t’a appris ainsi à louër Dieu.
Idolatre y allas, et si gardois encore
Ce principe qu’il faut que l’homme un Dieu adore,
Mais ceste raison-là vers toy n’a plus de lieu.
RESPONSE DE L’AUTEUR
Audict sonnet.
Mais où as-tu trouvé, quelle temerité !
Qu’il faille ainsi juger d’une autre conscience !
En quelle escole as-tu appris cette science,
Qui n’appartient sans plus qu’à la Divinité ?