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Quand je voudray toucher avec un plus haut son
Quelque plus grand’vertu, je chanteray sa grace,
Sa bonté, sa grandeur, qui la justice embrasse,
Mais là je ne mettray le but de ma chanson,

Car quand plus hautement je sonneray sa gloire,
Je diray que jamais les filles de Memoire
Ne diront un plus sage, et vertueux que luy :

Plus prompt à son devoir, plus fidele à son Prince,
Ne qui mieux s’accommode au regne d’aujourd’huy,
Pour servir son seigneur en estrange province.

CLXVI

Combien que ta vertu, Poulin, soit entendue
Par tout où des François le bruit est entendu,
Et combien que ton nom soit au large estendu
Autant que la grand’mer est au large estendue :

Si faut-il toutefois que Bellay s’esvertue,
Aussi bien que la mer, de bruire ta vertu,
Et qu’il sonne de toy avec l’œrain tortu,
Ce que sonne Triton de sa trompe tortue.

Je diray que tu es le Tiphys du Jason,
Qui doit par ton moyen conquerir la toison,
Je diray ta prudence, et ta vertu notoire :

Je diray ton pouvoir qui sur la mer s’estend,
Et que les Dieux marins te favorisent tant,
Que les terrestres Dieux sont jaloux de ta gloire.

CLXVII

Sage de l’Hospital, qui seul de nostre France
Rabaisses aujourd’huy l’orgueil Italien,
Et qui nous monstres seul, d’un art Horacien,
Comme il faut chastier le vice et l’ignorance :

Si je voulais louer ton sçavoir, ta prudence,
Ta vertu, ta bonté, et ce qu’est vrayment tien,
À tes perfections je n’adjousterois rien,
Et pauvre me rendroit la trop grand’abondance.

Et qui pourroit, bons Dieux, faire plus digne foy
Des rares qualitez qui reluisent en toy,