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CLXIII

Il ne faut point, Duthier, pour mettre en evidence
Tant de belles vertus qui reluisent en toy,
Que je te rende icy l’honneur que je te doy,
Celebrant ton sçavoir, ton sens, et ta prudence.

Le bruit de ta vertu est tel, que l’ignorance
Ne le peut ignorer: et qui louë le Roy,
Il faut qu’il louë encor’ ta prudence, et ta foy :
Car ta gloire est conjointe à la gloire de France.

Je diray seulement que depuis nos ayeux
La France n’a point veu un plus laborieux
En sa charge que toy, et qu’autre ne se treuve

Plus courtois, plus humain, ni qui ait plus de soin
De secourir l’amy à son plus grand besoin.
J’en parle seurement, car j’en ay fait l’espreuve.

CLXIV

Combien que ton Magny ait la plume si bonne,
Si prendrois-je avec luy de tes vertus le soin,
Sachant que Dieu, qui n’a de nos presens besoin,
Demande les presens de plus d’une personne.

Je dirois ton beau nom, qui de luy-mesme sonne
Ton bruit parmi la France, en Itale, et plus loin :
Et dirois que Henry est luy-mesme tesmoin
Combien un Avanson avance sa couronne.

Je dirois ta bonté, ta justice, et ta foy,
Et mille autres vertus qui reluisent en toy,
Dignes qu’un seul Ronsard les sacre à la Memoire :

Mais sentant le souci qui me presse le dos,
Indigne je me sens de toucher à ton los,
Sachant que Dieu ne veut qu’on prophane sa gloire.

CLXV

Quand je voudray sonner de mon grand Avanson
Les moins grandes vertus, sur ma corde plus basse
Je diray sa faconde, et l’honneur de sa face,
Et qu’il est des neuf Sœurs le plus cher nourrisson.