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De son autre arc doucement furieux
La poincte d’or justement descochec
Au seul endroit de mon cœur s’est fichée
Qui rend l’esprit du corps victorieux.
Le seul désir des beautez immortelles
Guindé mon vol sur ses divines ailes
Au plus parfait de la perfection.
Car le flambeau, qui sainctement enflamme
Le sainct brazier de mon afi*ection,
Ne darde en bas les saints traicts de sa flamme.


VIII

Non autrement, que la Prestressc folle,
En grommelant d’une effroyable horreur,
Secoue en vain l’indontable fureur
Du Cynthien, qui brusquement l’affole :
Mon estomac gros de ce Dieu qui vole,
Espouvanté d’une aveugle terreur
Se fait rebelle à la divine erreur,
Qiii brouille ainsi mon sens, et ma parole.
Mais c’est en vain : car le Dieu, qui m’estraint,
De plus en plus m’aiguillonne, et contraint
De le chanter, quoy que mon cœur en gronde.
Chantez le donq, chantez mieux que devant,
O vous, mes vers, qui volez par le monde,
Comme fueillars esparpillez du vent.


IX

L’aveugle Enfant, le premier né des Dieux,
D’une fureur sainctement eslancee,
Au vieil Chaos de ma jeune pensée
Darda les traicts de ses tout-voyants yeux
Alors mes sens d’un discord gracieux
Furent liez en rondeur ballancee,
Et leur beauté d’ordre égal dispensée
Conceut l’esprit de la flamme des cieux.
De vos vertus les lampes immortelles
Firent briller leurs vives estincelles