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Soity du camp du Barbare excrcite,
yitm desfier, et par voix, et par signes,
Tous les plus forts du peuple Israélite.
Vingt et vingt fois ce brave Philistin
Estoit en vain sorty hors de sa tente.
Et nul n’aspire à si riche butin :
Dont Saul pleure et crie et se tourmente.
Où est celuy (disoit-il) qui se vente
De s’opposer à si grand vitupère ?
A cestuy là ma fille je présente,
Et affranchis la maison de son père.
O Israël, jadis peuple indomté,
Où esloit lors ceste grande vaillance.
Dont tu avois tant de fois surmonté
Les plus gaillards par le fer de ta lance ?
Las, il faut bien, que quelque tienne offence
Eust provoqué la vengeance divine.
Puis que ton coeur eut si faible deffence
Contre une audace et gloire Philistine.
On voit ainsi de peur se tapissant
Par les buissons les humbles colombelles,
Qiii ont de loing veu l’aigle ravissant
Tirer à mont, et fondre dessus elles :
Alors ce fier avec sifliantes ailes.
Ores le haut, ores le bas air trenche.
Et craquetant de ses ongles cruelles,
Raude àTentour de Tespineuse branche.
Tel se monstroit ce guerrier animé.
Et qui eust veu la grandeur de sa taille,
Il eust jugé ou un colosse armé,
Ou une tour desmarcher en bataille ,
Son corps estoit tout hérissé d’escaille,
D’airain estoit le reste de ses armes.
Le fer adonq, et l’acier et la maille
N’estoyent beaucoup usitez aux alarmes.
Son heaume fut comme un brillant esclair.
Sur qui flottoit un menaçant pennache :
Nembroth estoit portraict en son bouclair :
Sa main bransloit l’horreur d’une grand’hache.
Ainsi armé, par cent moyens il tasche
Son ennemy à la campaigne attraire :