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Par la mort guarir les hommes,
Et puis, dire que nous sommes
Des plus sçavans du métier.
Cest un vertvieux office,
Avoir pour son exercice
Force oyseaux, et force abbois.
Et en meutes bien courantes
Clabauder toutes ses rentes
 Par les champs et par les bois.
C’est une chose divine
Qu’une femme ou sotte, <^u fine :
C’est encor un heureux poinct
De lavoir pauvre et féconde.
Puis, monstrer à tout le monde
Les cornes que l’on ne voit point.
C’est un heureux advantage.
Qu’un .lambic en partage
Un fourneau Mercurien :
Et de toute sa substance
Tirant une quinte essence,
Multiplier tout en rien.
C’est une chose fort grave
Estre magnifique et brave :
Et sans y espargner Dieu,
S’obliger en beau langage :
Et puis mettre tout en gage.
Pour enrichir saint Matthieu.
C’est chose noble que d’estre
En lice, en carrière adextre,
Soit de nuict, ou soit de jour :
Bon au bal, bon à l’escrime :
Puis d’un lut, et dune ryme
Triompher dessus l’amour.
Ce sont beaux mots, que bravade,
Soldat, cargue, camizade.
Avec un brave sang-dieu :
Trois beaux dez, une querelle,
Et puis une maquerelle.
C’est pour faire un demi-dieu.
Ce sont choses fort aiguës,
Par sentences ambiguës