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vous plaise de l’imaginer, soit venu dire à M. de Rodays :

« Vous allez prendre éperdument la défense d’un officier juif que tout le monde sait être coupable. Vous allez faire campagne avec tous ceux qui traînent l’armée dans la boue, qui traitent nos généraux de coquins et de faussaires. En d’autres termes, vous allez faire exclure votre journal de tous les cercles dont il était la lecture ordinaire. Vous allez licencier vous-même cette belle et opulente clientèle qui constitue la substance de votre journal et faire vous-même cadeau de vos lecteurs à des rivaux comme le Gaulois, l’Écho de Paris, le Journal, qui, naturellement, feront leur choux gras de ce que vous leur abandonnez bénévolement. » M. Rodays, qui est civil de sa nature, aurait répondu civilement :

« Monsieur, pour agir de cette façon, il faudrait que je fusse un fou ou un malhonnête homme, et même tous les deux à la fois. J’ai la garde des intérêts de mes actionnaires, et j’ai trop aussi l’expérience du journalisme pour ignorer que dès que la clientèle d’un journal a disparu ou a pris une autre direction, elle ne revient plus. »

M. de Rodays aurait été d’autant plus fondé à tenir ce langage, qu’il est par essence et par tempérament le contraire d’un homme suscep-