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Le Pressensé était une des colonnes du Temps, le journal d’Hébrard qui avait touché quatorze cent cinquante mille francs dans le Panama, et qui avait approuvé ces « lois scélérates » qui auraient permis de condamner à huis clos, sans qu’il fût possible de rendre compte des débats, un malheureux coupable seulement d’avoir reçu une lettre d’anarchiste.

En 1894, Jean Grave était à Mazas où ses mains saignaient à écosser des noix de Corrozo. C’était un théoricien pur, vivant pauvrement rue Mouffetard, coupable seulement d’avoir écrit un livre d’ordre exclusivement spéculatif et abstrait : L’Anarchie et la Société mourante. Sollicités de signer un recours en grâce, des écrivains appartenant à toutes les opinions, et parmi lesquels je m’honore d’avoir été, prirent la plume et se hâtèrent de mettre leur nom sur le papier qu’on leur tendait.

Un seul refusa, un seul, bourgeois féroce, déclara qu’il ne voulait rien faire pour encourager les ennemis de l’ordre social.

Le bourgeois intraitable, qui ne devait s’attendrir qu’à propos d’un traître millionnaire, était Emile Zola !

Et vous voudriez me faire croire, Cornély, que, sans y avoir aucun intérêt, celui-là est devenu, tout à coup, le champion de l’humanité ?