laissez pas surprendre les secrets de notre défense ! »
C’est cette idée qu’il garde quelque chose qu’il est nécessaire de garder qui soutient ce pauvre troupier qui, dans les nuits glacées, reste en faction en battant la semelle pour se réchauffer.
Un général italien se livre presque ostensiblement à l’espionnage. Il est pris, il avoue ce qu’il a fait, et il relève son aveu d’une pointe de goguenardisme et de cynisme. On le condamne et quinze jours après on le met en liberté avec toutes sortes de politesses.
Voyons, Cornély, pourriez-vous affirmer que le ministre qui agit ainsi puisse Le faire par bêtise, et qu’il ne soit pas incontestablement aux gages de l’étranger ? On ne peut même invoquer, pour sa défense, une réciprocité de bons procédés internationaux, puisque le capitaine Romani, arrêté sur le territoire italien, en uniforme, ce qui excluait toute idée d’espionnage, a été gardé dix-huit mois en prison.
Ceci, pour tout homme capable de rassembler deux idées de suite, ne peut pas soulever l’ombre d’un doute. Supposez que l’indignation qui couve dans toutes les âmes françaises finisse par déborder, qu’un mouvement éclate demain et que Delcassé soit traduit devant un Tribunal révolutionnaire ou devant une Cour martiale.