dire un mot de la Pologne dans ce Congrès où je n’ai pas même le droit de dire un mot de l’Alsace-Lorraine ? »
Un Congrès de la Paix où l’on ne prononcerait pas le nom de l’Alsace-Lorraine, où l’on ne ferait aucune réserve au sujet de l’Alsace-Lorraine, aurait paru impossible il y a quelques années, la chose paraît toute naturelle à l’heure présente.
Il y a vingt ans on n’aurait pas compris qu’un ministre ou un personnage officiel présidant une distribution de prix ne fît pas une allusion à l’Alsace-Lorraine et à nos indéfectibles espérances. Aujourd’hui le ministre qui parlerait sur ce ton aurait l’air de tomber de la lune. Une fois de plus s’est vérifiée la terrible et profonde parole de Guizot : « Le Temps ne console pas, il efface. »
Exclue du concert européen, la question de l’Alsace-Lorraine s’est réfugiée d’abord dans les cafés-concerts et maintenant, elle n’a plus même d’accès dans les cafés-concerts de premier ordre ; elle est devenue la complainte des faubourgs. C’est là seulement que quelque musicien ambulant voit la foule se grouper, encore attendrie ou vibrante, autour de lui, tandis qu’il entonne quelque vieille romance que la police n’a pas songé interdire et qu’elle interdira bientôt,