éprouvèrent, en entendant ce propos, un chatouillement agréable, une sensation indéfinissable, stupide, irrationnelle, informulable, imprécise comme une espérance folle et qui, si elle avait pu se traduire par des mots se serait résumée en ceci :
« Après tout, c’est bien possible. Il y aura peut-être des hommes qui ne mourront pas et ce « presque tous mortels » s’applique peut-être à moi. »
Les Nations sont de même, elles éprouvent une invincible répugnance à s’arrêter à cette idée que des peuples vaillants, puissants, ayant rempli le monde du bruit de leurs exploits, soient morts dans le passé et qu’il puisse leur arriver de mourir à leur tour.
Il en a été ainsi cependant. Le démembrement définitif de la Pologne ne date que de 1795, c’est-à-dire de 104 ans, la vie d’un homme dont la vie aurait été exceptionnellement longue. On a vu, en effet, des macrobites, rares il est vrai, vivre ce nombre d’années.
Les protestations pour la Pologne, les discours parlementaires pour la Pologne, les émeutes pour la Pologne ont rempli les cinquante premières années de ce siècle. Le peuple de Paris ne ressemblait pas alors à ce qu’il est aujourd’hui et l’on a beaucoup plus manifesté