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Les scènes scandaleuses du Mardi-Gras, auxquelles le Dr Després fait une discrète allusion, sont un des faits les plus caractéristiques encore de notre époque. Se peut-il concevoir vision plus affreuse que l’orgie à l’hôpital, infirmiers et infirmières à demi ivres se cherchant dans les salles, le Plaisir qui hurle écrasant dans ses ébats la Douleur qui râle, les Évohés se mêlant aux cris de l’agonie, les malades, brusquement réveillés, se mettant sur leur séant pour regarder ces hommes habillés en femmes et ces femmes habillées en hommes et se demandant s’ils ne sont pas les dupes de quelque horrible cauchemar ?

Il y a vraiment dans ces jeux de l’Amour et de la Mort je ne sais quoi de fantastique et de macabre[1].

Il manque à cela Quentin, ce gros satyre débordant de santé, regardant ces choses après un souper avec quelques conseillers municipaux et disant à ses acolytes entre deux hoquets : « Hein ! mes enfants, comme c’est beau le Progrès ? Les salles n’avaient pas cet aspect folâtre avec les Sœurs. » Je dis : il manque ; c’est une façon de parler, car vraisemblablement il y était ; de tels objets sont faits pour lui plaire.

    elles se contentent de 40 fr. par an et pensent faire leur salut. Et combien les laïques estimèrent-elles l’indemnité équivalente au salut ? Agir pour une idée, fut-elle fausse, sera toujours supérieur au fait d’agir pour de l’argent. Dans l’armée, les volontaires ont toujours étés préférés aux remplaçants, à ceux qu’on appelait les vendus. »

  1. Pour l’analyse exacte de cet état d’âmes oû l’être humain, pris soudain d’un rire convulsif, profane les cadavres et les souille dans une sorte de vertige diabolique, les esprits curieux feront bien de lire l’admirable chapitre de Michelet sur la crise morale que traversa la France au XVe siècle pendant les horreurs de la guerre de cent ans. Ce fut alors que commencèrent les représentations de la Danse macabre, dans le cimetière des Innocents, où le soir les filles folles faisaient leur métier sur les tombes.