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Haro sur la Française, qui veut élever honnêtement ses enfants ! honneur à l’Allemande qui se livre aux passants !

Voici encore une victime émouvante : Lenoir, un cocher. Vous l’avez peut-être rencontré dans Paris et, si vous étiez pressé, la rencontre n’a pas été propice pour vous. Le pauvre homme, à moitié fou, ne se rappelait plus l’adresse que lui donnaient les voyageurs et les laissait parfois en chemin. Les Francs-Maçons lui avaient volé son enfant, la mère était morte de chagrin et il oubliait de gagner sa vie pour venir, dix fois par jour, demander des nouvelles de son fils à M. Lacointa[1]. L’ancien avocat général à la Cour de cassation, qui donna si noblement sa démission au moment des décrets, avait été touché de cette grande douleur ; il était devenu le conseiller, le consolateur, presque l’ami de ce prolétaire. Pendant que l’infortuné trouvait, comme tous ceux qui souffrent, quelque soulagement à conter son éternelle histoire, le magistrat envoyait sa bonne garder le fiacre afin d’éviter au cocher une contravention.

L’affaire était très simple. L’enfant, envoyé par le chemin de fer, de Paris à Toulouse où il devait entrer dans un établissement d’éducation religieuse, avait été abordé et circonvenu, dans la gare de Narbonne, par un Franc-Maçon, nommé Richard, qui l’avait fait monter dans son wagon et l’avait placé en apprentissage à Cette, chez un confiseur du nom de Lavaille. Là on s’était efforcé de corrompre cette jeune intelligence en lisant chaque soir à l’enfant les immondes publications qu’a produites la librairie anti-cléricale.

  1. Voir l’éloquent et simple récit de M. Lacointa, dans le Correspondant du 25 février 1881. Sous ce titre : les Voleurs d’enfants, M. Léon Lavedan a publié également, dans le Figaro, un récit très circonstancié de ce rapt.