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de son père sur celui qui l’avait fait assassiner, « Tombé, il assouvit, dit Tavannes, les yeux du fils dont il avait tué le père. »

Les outrages, auxquels se livrèrent sur lui les meurtriers, parurent une simple application de la loi du talion, une réparation des supplices qu’il avait fait subir aux autres.

L’opinion publique se prononça énergiquement dans ce sens. L’Épitaphe de Coligny, conservée au Record office, est l’expression de ce sentiment populaire.

Passant, tu apprendras par la mort de celuy[1]
Qu’en France on peut nommer Oloferne aujourd’huy,

  1. Voir à ce sujet, outre le magnifique ouvrage de M. le baron Kervyn de Lettenhove, Les derniers jours de Coligny, de M. Charles Buet. Mgr Freppel, qui a vraiment ce courage intellectuel si rare aujourd’hui, écrivait à l’auteur au sujet de ce livre :
        « Comment oublier que, pour assouvir sa haine et satisfaire son ambition, cet étrange Français, investi d’une charge militaire des plus importantes, n’a pas craint d’appeler l’étranger au cœur de la Patrie ; que, par suite d’un pacte infâme, il a livré à l’Angleterre Dieppe, le Havre et Rouen, en retour de ce qu’elle lui promettait de secours en hommes, en argent et en vaisseaux, contre la cause du roi et de la nation ; qu’il a inondé la France de ses reîtres allemands soudoyés pour le pillage et pour l’assassinat ?
        « Que l’on suive Coligny dans tout le cours de sa vie militaire : il est constamment occupé à pactiser avec l’étranger dans le but de faire envahir sa patrie par les troupes d’Elisabeth d’Angleterre, du prince d’Orange, du duc de Deux-Ponts et des princes allemands.
        « A défaut de patriotisme, y a-t-il au moins dans cet homme, dont la carrière militaire compte autant de défaites que de batailles, quelque chose de cette grandeur morale qui fait pardonner bien des fautes ? Mais qui ne sait que la complicité dans le meurtre de l’héroïque duc de Guise par Poltrot de Méré, l’un des familiers de Coligny, pèse sur la mémoire de l’Amiral comme une charge que rien n’a pu détruire ? Outre les aveux du meurtrier qui, jusque sur les degrés de l’échafaud, lui imputa l’ordre de l’assassinat, vous citez les témoignages des contemporains, tous plus accablants les uns que
    les autres. »