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ches de la vie de province, l’argent qui lui avait été confié. Voilà ce qu’écrivait à ce sujet le Salut public de Lyon :

Les faux sont innombrables. La manière de procéder de Guillot était, en effet, fort simple. Un prêteur apportait à l’étude ses deniers, destinés à un placement hypothécaire ; Guillot empochait le capital, fabriquait une fausse obligation signée du nom d’un faux emprunteur, et payait exactement les intérêts à l’aide des capitaux que de nouvelles dupes apportaient à l’étude. Rien de plus simple, vous le voyez. Il est bien entendu que je vous signale le procédé le plus ordinairement employé ; mais Guillot, suivant les circonstances, savait varier son répertoire et faire passer l’argent de la poche d’autrui dans la sienne sur des airs nouveaux.

Ce qui, à mon avis, est le plus digne de remarque en cette afaire, c’est que Guillot ait pu procéder ainsi depuis de longues années, sans être inquiété ni découvert. Ce fait prouve, de la part de sa clientèle, une confiance aveugle, qui s’attachait à un homme comblé d’honneurs par la République. Il ne faut pas oublier, en effet, qu’il y en a encore beaucoup pour qui les honneurs républicains signifient quelque chose. C’est bête, mais c’est comme ça !

Un journal de Lyon, dans un article paru il y a quelque temps, aurait, parait-il, fixé le chiffre du passif. Ce chiffre ne peut être que fantaisiste, le passif ne pouvant être actuellement connu. Pour arriver à le connaître, il faut d’abord séparer les obligations vraies des fausses. Or, ce n’est ni prompt, ni facile, ni encore accompli. Tout ce qu’on peut dire aujourd’hui, c’est que les obligations fausses sont plus nombreuses que les vraies, et que le passif, qui est considérable, constitue un véritable krach pour le canton de Trévoux : capitaux perdus et dissipés, procès nombreux et dispendieux.[1]

  1. Voir sur cette aventure une excellente brochure, pleine de verve et de révélations piquantes sur l’existence provinciale : Un notaire Franc-Maçon et bien pensant par le syndicat de ses victimes.