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Le mountebank de Gordon n’est-il pas là bien complet ? Cela n’empêcha pas le pays, lorsque le sol fut envahi, de prendre ce vieil avocat juif pour organiser la victoire.

Jamais le Juif, peut-être, ne s’affirma plus odieusement indifférent à tout ce qui touche à la Patrie, plus implacablement préoccupé de lui-même et de sa race, que dans les décrets rendus alors par Crémieux pour l’émancipation des Israélites algériens.

Le gouvernement de la Défense nationale, remarquons le tout d’abord, n’avait aucun droit à modifier le régime de l’Algérie ; en s’emparant du pouvoir il avait eu, par un reste de pudeur, le soin de déclarer qu’il ne le prenait que pour une tâche déterminée. Lorsqu’il remaniait profondément l’organisation algérienne, Crémieux commettait donc une usurpation dans une usurpation. Mais ces scrupules ne sont pas de ceux qui arrêtent un Juif, et Crémieux n’en rendit pas moins de cinquante-deux décrets sur la colonie en dehors, bien entendu, des nominations de fonctionnaires.

Crémieux ignorait-il davantage les troubles qu’il allait exciter, dans une région où tout nous commandait le maintien du statu quo, pour ne point affaiblir encore notre malheureux pays impuissant à résister à l’ennemi qui le pressait de toutes parts ? Il était, au contraire, admirablement informé de la situation, il connaissait l’hostilité qui régnait entre les Arabes et les Juifs[1] ; il avait été maintes fois

  1. Cette haine était telle que Mérimée, que je soupçonne d’avoir été un peu judaïsant et qui, en tous cas, n’avait jamais été baptisé, raconte dans ses Lettres à Panizzi, que pour animer les turcos contre les autrichiens pendant la campagne d’Italie, on n’avait eu qu’à leur dire que c’étaient des Juifs qu’ils avaient devant eux.