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Voilà la descendante des Bourbons, l’Aryenne intrépide, chevaleresque, convaincue que tout le monde est comme elle, respirant de ses fines narines l’odeur de la poudre prête à s’élancer quand résonne le clairon de la Pénissiére.

A qui va-t-elle se confier ? A quelque fils d’artisan du Midi, à quelque enfant de l’enclos Rey, à quelque frère de ce Merault dont Daudet nous a dépeint, dans ses Rois en exil, l’âme enthousiaste et généreuse ? Non, une tête de linotte conduit cet être sans peur. C’est le Juif huileux, gluant, rampant, lippeux qui s’empare de cette confiance. Pas un Français de bon sens n’est là pour dire à la mère de son roi : « Y pensez-vous, princesse, les pères de ce malheureux ont été brûlés, persécutés, chassés par les rois vos augustes ancêtres, il vous hait et il a raison. »

L’autre est là également très nature, très intéressant, très typique. Il promet, sans rire, de rétablir le trône de Saint Louis qui a expulsé les siens, l’autel de ce Christ qu’il considère comme le plus méprisable des fourbes. Il se convertit même comme un simple Bauër. Il vend la princesse parce que c’est l’intérêt de sa religion et cherche par surcroît dans l’opération — sans ce trait la race ne serait pas complète — un tout bedit penefisse.

Les huées éclatent, il laisse passer l’orage avec la tranquillité que montrent ses congénères quand quelque pouf de bourse, quelque vol plus éhonté que les autres leur attirent des malédictions exaspérées. Crémieux prend son attitude des grands jours d’audience et déclare qu’il refuse de défendre cet indigne qui déshonore le peuple juif connu par sa loyauté proverbiale. Deutz ne bouge mie ; puis quand le vacarme est un peu passé, il va trouver Crémieux : Frère, lui dit-il, les injures de toute l’Europe m’émeuvent peu mais je tiens à votre estime et j’ai conscience de