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C’est tout ce qu’on connaît de lui, en revanche lui connaît les choses les plus cachées, il a vu fusiller Olivier Pain, il l’affirme sur l’honneur, il déclare que cet attentat ne peut rester impuni.

On le croit, on organise des meetings d’indignation, on outrage grossièrement l’Angleterre, la reine, le prince de Galles, des notes diplomatiques sont envoyées. Rochefort jure qu’il va venger sur lord Lyons la mort de Pain. Les Parisiens savent que le pamphlétaire se bornera à aller parier quelques louis aux courses le lendemain, mais les naïfs s’épouvantent, l’ambassade anglaise ferme ses portes…

Un maudit Juif a suffi pour organiser ce charivari Comment le Juif fait-il pour déranger ainsi le monde ? Ne me le demandez pas, je n’en sais rien. C’est son secret, c’est un don spécial chez lui. « Cela lui vient naturellement, » comme au tambourinaire de Numa Roumestan.


A quelque pays qu’il appartienne, le Juif est sûr de trouver le même appui. La patrie, dans le sens que nous attachons à ce mot, n’a aucun sens pour le Sémite. Le Juif, — pour employer une expression énergique de l’Alliance israélite, — est d’un inexorable universalisme.

Je ne vois pas très bien pourquoi on reprocherait aux Juifs de penser ainsi. Que veut dire Patrie ? Terre des pères. Le sentiment de la Patrie se grave dans le cœur à la façon des noms écrits sur un arbre et que chaque année qui passe creuse et enfonce plus profondément dans l’écorce à mesure que l’arbre vieillit de façon à ce que l’arbre et le nom ne fassent qu’un. On ne s’improvise pas patriote, on l’est dans le sang, dans les moelles.

Le Sémite, perpétuellement nomade, peut-il éprouver des impressions aussi durables ?