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n’aime pas qu’on le traite aussi familièrement quand il y a des gens titrés.

Gambetta fut-il abandonné par les Juifs, qui oublièrent tous les services antérieurs, quand ils crurent qu’il n’était plus bon à rien ? Reçut-il l’ordre de quitter le ministère pour accélérer, par une crise parlementaire et presque gouvernementale, la catastrophe de l’Union générale ? Il est difficile de se prononcer, car tout ce qui a rapport à l’éphémère ministère de Gambetta est encore très peu connu ; le prolixe travail publié par Reinach sur ce sujet, dans la Revue politique, n’a fait que rendre obscur ce qui paraissait clair.

La décadence physique, prompte toujours dans ces races, était venue de bonne heure, d’ailleurs, chez cet homme qui avait demandé à l’existence tout ce qu’elle peut contenir de plaisir.

La dernière fois que je l’aperçus, c’est à la lecture des Rois en exil, chez Daudet. Il était déjà perdu, il avait ce signe des gens marqués qui ne trompe guère les yeux expérimentés. Cramoisi, vieilli, gris et rouge en même temps, les chairs gonflées d’une mauvaise graisse, il ne pouvait se tenir assis et, appuyé à la porte du cabinet de Daudet, il resta debout toute la soirée en fumant continuellement. Quoique profondément triste, il paraissait suivre Coquelin avec attention. En entendant son acteur de prédilection lire cette pièce, où l’on tournait en dérision tous ces porte-sceptres de jadis, tous ces descendants d’augustes familles qui avaient régné sur l’Europe, il semblait dire :

— C’est à mon tour maintenant !

Et derrière lui on eût pu voir la Mort qui déjà avait sa main glacée sur l’épaule de ce favori du Hasard, de ce maî-