l’humanité qui est particulière à l’impérialat et que les royautés, même les moins raisonnables, ne connaissent point.
Antoine avait donné une ville d’Asie à son cuisinier pour le récompenser d’un bon repas. Gambetta eut des accès de générosité analogues.
Un jour on fait goûter au maître de la bière qu’il trouve excellente.
— Qui a fabriqué ce nectar ? demande-t-il.
— C’est un Juif, il s’appelle du nom biblique d’Agar.
— Je le nomme préfet. Ce brasseur brassera des affaires..…
Préfet, ce n’était pas encore le compte de ce disciple de Gambrinus, qui demande à permuter contre une place de trésorier général à Cahors valant 80,000 fr.
Remarquez, comme un nouveau signe de la platitude française, que personne n’eut l’idée de demander à quel titre cet homme, sans passé administratif, était promu à ces hautes fonctions, au détriment de vieux serviteurs qui remplissaient des emplois modestes depuis vingt ou vingt-cinq ans. Quand l’astre de Gambetta déclina, on enleva cependant à ce brasseur trop favorisé cette grosse sinécure, et on lui donna en échange une place d’inspecteur des eaux à Aix, qui ne rapporte guère qu’une dizaine de mille francs ; mais, sur le moment, ce choix ne scandalisa personne[1].
Ces monstrueuses autorités d’Empereurs avaient pour
- ↑ Aujourd’hui il est redevenu simple receveur des contributions, à Pithiviers, je crois.