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la france juive

jusqu’à ce que vous en ayez plein les oreilles ; ce sont les plus prodigieux réclamiers qui existent.

Ils avaient jadis battu la grosse caisse autour de Daniel Manin[1], et transformé cet avocat médiocre en une espèce de personnage, ils se surpassèrent pour Gambetta. Jamais mise en scène ne fut mieux organisée et l’on ne peut se défendre d’admiration devant l’incomparable façon dont cette personnalité fut nettoyée d’abord, puis posée, prônée, glorifiée, idéalisée, apothéosée.

Cet art spécial aux Juifs est tout moderne, puisque la presse y joue le principal rôle, et, néanmoins, rappelle ces évocations du Moyen Âge, ces fantasmagories qui faisaient apparaître devant le regard des êtres qui avaient des formes humaines, qui marchaient, qui parlaient et qui, cependant, n’étaient pas des réalités. Il y a là comme un mélange des artifices magiques et des procédés du puffisme contemporain, en ce qu’ils ont de plus cynique et de plus adroit, de plus grossier et de plus malin, — comme une collaboration du grand Albert et de Barnum, comme une alliance entre Merlin, le vieil enchanteur celtique, et Goudchau le Juif, marchand de confections d’aujourd’hui.

  1. Comme presque tous les révolutionnaires et les agitateurs, Daniel Manin était d’origine juive. Son père, disent les Archives israélites (vol. 36), appartenait à une famille Israélite du nom de Fonsecca et s’était fait baptiser vers la fin du siècle dernier ; il avait pris alors, selon la coutume, le nom de son parrain, frère du doge régnant Luigi Manin.

    Le fait est attesté d’ailleurs dans un livre paru en 1872 à Venise, sous ce titre : La vita et i tiempi di Daniele Manin. Narrazione du prof. Alberto Errera et aw Cesare Fingi correlata dai documenti inediti depositi nel Museo Correr dal generale Georgio Manin.

    On trouve aussi quelques détails sur ce point dans un livre publié par Rudolf Goltschal, Mois d’automne en Italie. L’auteur raconte que Manin lui-même lui a avoué être d’origine juive.