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apprenons qu’un groupe de négociants et de financiers, en tête duquel figurent naturellement des Juifs, les Gunzburg, les Ulmann, les Ernest Lévy, s’est réuni au local des Chambres syndicales, rue de Lancry, pour y jeter, comme dit le Gaulois, « les premiers jalons d’une organisation au Tonkin. »

Au premier abord, avec des phrases ronflantes sur la civilisation en plus, la situation semble donc être la même qu’au XVIe siècle.

Trouver de l’or ! c’était l’idée fixe des compagnons de Cortez et de Pizarre, et l’histoire, hélas ! Nous apprend qu’ils ne se firent pas faute de mettre plus d’un malheureux indien sur le gril, pour le forcer à déclarer où étaient ces mines regorgeant de fabuleuses richesses, dont la pensée hantait obstinément le cerveau des envahisseurs.

Dès que vous vous donnez la peine de réfléchir, vous êtes bien vite convaincu qu’il n’existe aucune analogie entre les deux cas.

Les Espagnols ont cherché de l’or, ils en ont trouvé, ils en ont rapporté et les galions des Indes ont permis aux rois d’Espagne de soutenir une lutte de cinquante ans contre le monde. Si vous aviez des doutes à ce sujet, vous n’auriez qu’à vous adresser à M. Duclerc, l’ancien ministre des affaires étrangères. Sous prétexte qu’un galion s’était échoué jadis dans la baie de Vigo, il a trouvé moyen de soutirer quinze millions à des actionnaires qui n’ont jamais revu ni l’argent de Philippe II, ni le leur.

Les circonstances cette fois sont toutes différentes. Il n’y a pas de mines au Tonkin et l’on ne fait la guerre que pour lancer une Société en commandite qui ressemblera à toutes les entreprises précédentes et ruinera tous ceux qui confieront leurs capitaux aux fondateurs.