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Les Espagnols, les Italiens, les Maltais constituent là-bas une population bien supérieure à la population française. Dans la province d’Oran, il y a 83,000 Espagnols contre 58,000 Français[1]. Nous faisons 920 millions d’affaires avec l’Amérique du Sud, dont nous ne nous sommes jamais occupés, et nous n’en faisons que pour 306 millions avec l’Algérie qui nous a coûté tant d’hommes et tant d’argent.

Le chiffre le plus élevé des marchandises importées de France dans nos établissements français, en Océanie, a été de 618,567 francs ! En Cochinchine, il n’y a guère, en fait de Français, que des fonctionnaires que nous sommes obligés de payer. C’est à peine si nous expédions à toutes nos colonies réunies pour 47 millions de produits par an.

Ces grossières évidences sautent aux yeux de chacun et l’esprit le plus borné les perçoit. En six cents ans, les habitants du Tonkin, qui sont le peuple le plus indigent de l’Asie et qui vivent exclusivement du ris qu’ils récoltent, ne nous achèteront pas pour un million de marchandises.

« Je défie, disait, devant la commission, le vice-amiral Duperré ancien gouverneur de Cochinchine, qu’on me cite un Français pouvant gagner au Tonkin, dans l’industrie, de quoi payer son passage pour revenir en France. »

  1. Rien de concluant comme le rapport adressé par le directeur de la Sûreté générale au ministre de l’intérieur sur le service de l’émigration en France pour les années 1882, 1883 et 1884. Les trois années réunies donnent une moyenne de 4,162 émigrants, descendue à 3768 en 1884, malgré la misère générale.
        Si l’on ajoute aux totaux provenant des agences le chiffre des passagers d’entrepont, que l’on peut considérer comme appartenant à une catégorie analogue, on arrive, pour 1884, à un total de 6,100 individus des deux sexes et de tout âge, partis pour tes régions exotiques. Or, pendant la même année, 31,339 émigrants étrangers se sont embarqués dans nos ports de mer pour l’Amérique et la côte d Afrique.