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l’organisation d’une guerre européenne, il n’a point les reins pour pousser cela et ses côtés de pleutre rassuraient ceux qu’effrayait son sans gêne de drôle. Sans doute, il est féroce contre tout ce qui est faible et volontiers implacable contre tout ce qui est noble et généreux, mais au demeurant, c’est plutôt l’homme de la boue que l’homme du sang, et la France en était à regarder cela comme un bien.

À partir de ce moment, semblable au Rhin qui n’est plus qu’un ruisseau quand il arrive à la mer, l’histoire de France n’est plus guère que l’histoire des Ferry et l’histoire des Ferry elle-même n’est guère que l’histoire de la Banque Franco-Égyptienne.

C’est Charles Ferry qui se charge de centraliser tout et de servir de raison sociale. Ancien courtier en fleurs et plumes avant d’être employé chez Watel, il avait eu tout jeune la vocation du commerce. Jadis il était chargé de négocier sur les quais les livres qu’on envoyait à son frère, ce qui n’est pas un crime, mais n’indique pas une situation de fortune bien florissante.

C’est ainsi que j’ai acheté, en souvenir du spirituel auteur des Lettres d’un passant, En chasse, une plaquette réglée en rouge et coquettement imprimée par Jouaust qui porte cette dédicace : A mes chers amis Jules et Charles Ferry, Arthur de Boissieu.

Aujourd’hui M. Charles Ferry est vingt fois millionnaire. Nous le voyons se rendre acquéreur, au mois de septembre 1884, dans la liquidation des biens du général tunisien Ben-Aïad, de l’immeuble situé 43, rue Saint-Georges, et le payer 540,000 francs !

Les journaux racontent le fait. Charles Ferry a l’impudence de nier l’achat, et d’affirmer sur l’honneur qu’il n’a jamais acquis une maison à Paris. On lui met tranquille-