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Sur la place, le capitaine de Landwehr, que Déroulède avait empêché de prendre son bock, sans aucune raison plausible, riait dans sa barbe blonde de ce rire à la Barbemuche, particulier aux Allemands et qui se voile parfois d’une sorte de philosophie attristée.

Supposez que Déroulède, au lieu d’être un poseur et un fanfaron de patriotisme, eût eu vraiment au cœur les sentiments d’un patriote, l’amour profond et sincère de son pays, quelle belle occasion s’offrait à lui d’intervenir, de rappeler à la pudeur ces banqueteurs éhontés ! Imaginez un orateur à la parole ardente et chaude allant trouver des ouvriers, des bourgeois, d’anciens soldats et leur disant : « Souffrirez-vous qu’on commémore par des ripailles un semblable anniversaire, qu’on choisisse, pour s’enivrer, le jour où la France a été si douloureusement frappée ? ».

Ces hommes auraient compris, on se serait rué sur les noceurs, on aurait renversé les nappes, Floquet aurait achevé sa digestion dans l’égout et, secoué par la tourmente, l’adjoint Winckam, l’expulseur des sœurs de Charité, un nom bien français encore celui-là, par parenthèse, aurait cassé tous ses bandages.

Déroulède ne trouva pas révoltant le spectacle de cette fête de Sedan et l’on n’entendis pas dans cette circonstance :

Le beau luth éploré qui vibre sous ses doigts.

En aucune circonstance, d’ailleurs, vous ne trouverez le fondateur de la Ligue des Patriotes réclamant une mesure sage et pratiquement utile à la défense du pays. Il y a, par exemple, dans nos codes une lacune qui paraîtrait incroyable, après ce que la guerre de 1870 nous a appris