Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/501

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendus barbares, mais jamais aigrefins ne se sont abattus sur un pays avec plus de rapacité, jamais on n’a vu des hommes politiques étaler plus effrontément leur corruption, jamais faits ne furent plus ignominieux que ceux pour lesquels la presse dut ouvrir une rubrique spéciale : Les Odeurs de Tunis.

Ce qu’il faudrait dire, ce sont les souffrances endurées par nos soldats pour permettre aux Juifs de se livrer à ces opérations.

Ce qui a manqué au récit de cette expédition, c’est un écrivain peintre, à la manière de Fromentin, racontant les indicibles souffrances de cette guerre faite pour procurer de l’argent à des boursiers.

Qui n’a senti ses poings se serrer en entendant un officier vous décrire cette marche en colonnes, sous un ciel d’airain, sans un arbre à l’horizon, sans une source, avec le désert à quelques pas ! Sur des chameaux, on porte l’eau nécessaire qui, parfois, est en retard de trois ou quatre lieues et arrive chaude et croupie[1]. Tout à coup, un homme prononce des paroles incohérentes, il rit aux éclats, il est devenu fou ! Un autre, brusquement, tombe comme une masse, on s’empresse autour de lui, il est mort... A la hâte, on improvise un cercueil avec une caisse de bis-

  1. C’est un bon Juif, naturellement, Chemla qui est le fournisseur officiel de l’armée française pendant l’expédition. En quelques mois il gagne trois millions. Un cri de réprobation unanime s’élève contre les concussions inouïes commises aux dépens de la santé et de la vie de nos malheureux soldats. Au mois de juin 1883, on est obligé de traduire Chemla devant le conseil de guerre de Sousse, où l’influence des tripoteurs tunisiens et une habile plaidoirie de M. Georges Lachaud le font acquitter. Tant pis pour ceux qui sont morts de faim !