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Dans la peur d’être démasqué, il finit cependant par céder. Les Juifs, en outre, sentaient que les Roumains étaient à bout de patience, ils n’ignoraient pas qu’il se préparait de ce côté des scènes auprès desquelles les exécutions de Bulgarie et de Russie n’auraient été, pour employer un mot de Retz souvent cité par Maxime du Camp, que « des verdures et des pastorales. »

On prit le parti d’envoyer de ce côté, comme membre français de la commission du Danube, un fonctionnaire dont l’origine sémitique ne me surprendrait pas et qui, en tous cas, fut comme le représentant de la Juiverie française dans cette région. On choisit un nommé Barrères, ancien condamné de la Commune devenu gambettiste. S’il faut le juger d’après la façon rapide dont il s’est enfui sous la Commune dès que la bataille des rues a commencé, je crois qu’au moment d’un grand massacre, ses coréligionnaires de là-bas auraient eu tort de compter sur lui. Du reste, la Juiverie reconnaissante l’a fait depuis passer en Égypte où nous allons le retrouver bientôt[1].

La Juiverie ne fut pas ingrate pour Waddington. En

  1. Les Juifs n’ont pas renoncé pour cela à venir à bout de la Roumanie, et ils emploient tous les moyens pour réussir. En 1885, le gouvernement français a frappé d’un droit de cinquante pour cent tous les produite d’un pays coupable seulement de ne pas aimer les usuriers d’Israël, c’est un véritable blocus commercial. Les Archives israélites ne se gênent pas pour déclarer aux Roumains que c’est là un châtiment providentiel. « La justice divine, disent-elles dans leur numéro du 13 août 1885, qui n’est pas aussi lente qu’on s’en va le répétant, inflige en ce moment des épreuves à la Roumanie sur ce terrain commercial dont l’accès a été illégalement, odieusement défendu aux Israélites. Et c’est la France, qui a si courageusement pris la défense des Juifs opprimés, tourmentés et torturés par la population roumaine, c’est la France qui joue ce rôle de justicière. »