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Père de famille irréprochable, bon chrétien, travailleur infatigable, le comte de Paris ne répond pas complètement à l’idéal qu’un pays romanesque comme le nôtre se fait d’un souverain, il n’a rien qui monte l’imagination on regrette qu’un peu de flamme et d’enthousiasme ne s’ajoute pas à tant de sérieuses qualités.

Le rêve de celui auquel la naissance a imposé de si grand devoir eût été de vivre de la vie d’un planteur dans la libre Amérique. Chose curieuse, au commencement de 1870, le projet de départ du comte de Paris était définitivement arrêté et il avait fixé au mois de juillet la date de son installation au-delà de l’Atlantique.

On s’attache aux pays pour lesquels on a combattu et le comte de Paris, dont le calme courage avait excité l’admiration de l’armée dans la guerre de la Sécession, a gardé, de son séjour là-bas, un goût regrettable pour des institutions qui ne conviennent pas à la France. « C’est un prince qui n’a pas assez de préjugés, » a-t-on dit de lui, il serait plus juste de dire que c’est un prince qui a ou qui du moins a eu longtemps tous les préjugés du modernisme.

Les d’Orléans, nous l’avons dit, ont toujours accordé à l’argent une importance excessive, avoir pour eux est comme un complément, comme une prolongation d’être. La fréquentation des Yankées, chez lesquels le dieu Dollar est l’objet d’un véritable culte, n’a point modifié ces sentiments. Pour le comte de Paris et les siens, le fait de posséder beaucoup constitue un mérite et c’est sous l’influence de ces idées qu’une famille fermement chrétienne en est arrivée à donner au pays le spectacle démoralisant de la maison de France vivant sur un pied d’intimité avec la maison de Rothschild.

Tel est, je crois, l’impartial portrait d’un prince fonciè-