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son rêve. Mais la famille hérita de l’idée. Gambetta eut l’adresse de persuader aux Sina qu’il ne demandait pas mieux que d’appuyer la candidature du prince Ypsilanti au trône de Grèce et ceux-ci, de leur côté, firent tout ce qu’ils purent pour empêcher Mac-Mahon, qui chaque année allait chasser chez eux, de s’opposer sérieusement à l’établissement d’une République juive en France.

Les innombrables négociations à propos de Dulcigno, les commerces bizarres avec les Kohkinos et les Tricoupis n’ont pas eu d’autres raisons d’être.

Le duc Decazes, associé à beaucoup d’affaires financières, était, lui aussi, sous la domination des Juifs. La mère de la duchesse Decazes, Mme de Lowenthal, mariée au fils d’un banquier juif, avait été à Vienne l’âme damnée du baron de Hirsch[1]. On avait même annoncé les fiançailles de la fille du duc Decazes avec le jeune Lucien de Hirsch.

  1. Voir La Société de Vienne, par le comte Paul Vasili.
        Qui ne connaît le mot de Marie-Antoinette : « Vous m’en direz tant ! » A l’heure présente, il n’est pas d’homme politique, même avec des sentiments chrétiens très sincères, qui soit invulnérable à cette terrible force de l’argent. On se défend longtemps, mais on finit par céder devant certaines sommes si considérables que les consciences en sont comme terrassées. Les plus fermes hésitent un moment, puis regardent ceux qui sont autour d’eux, comprennent la signification de certains regards muets et capitulent. M. Brunet, un magistrat qui passait pour intègre, un ancien ministre de l’Ordre moral, consent à devenir le second du baron de Hirsch, à prendre sa part des dépouilles de tant de malheureux. Il part pour l’Orient, au mois d’août 1885, pour défendre les intérêts du juif. Il est vrai, dit le Gaulois, que le baron fait royalement les choses. « Pour preuve nous ne voulons citer que ce que M. Brunet racontait l’autre jour au Palais, au milieu d’un groupe serré d’avocats de tous âges. Il racontait que, détestant la mer, il ferait son voyage par Vienne, jusqu’au terminus des chemins de fer austro-