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le juif

En Orient, un chamelier, un porteur d’eau, un barbier est distingué par le souverain. Le voilà soudain pacha, vizir, confident du prince, comme ce Mustapha-ben-Ismaïl qui s’introduisit au Bardo en vendant des petits gâteaux et qui, selon l’expression égrillarde de M. Dauphin, procureur général, « rendait à son maître des services de jour et de nuit, » ce qui lui mérita de notre gouvernement, peu scrupuleux comme on sait, la croix de grand officier de la Légion d’honneur.

Il en est de même chez le Juif. En dehors des familles sacerdotales qui constituent une véritable noblesse, la noblesse n’existe pas ; il n’y a pas de familles illustres ; quelques-unes se transmettent du crédit de père en fils, dans aucune on ne se lègue de la gloire.

En moins de vingt ans, si les circonstances lui sont favorables, le Juif atteint tout son développement ; il naît au fond d’une judengasse, il gagne quelques sous dans une première opération, il se lance à Paris, se fait décorer par l’entremise d’un Dreyfus quelconque, achète un titre de baron, se présente hardiment dans un grand cercle, prend les allures de quelqu’un qui a toujours été riche. Chez lui la transformation est en quelque manière instantanée ; il n’éprouve nul étonnement, il ignore absolument certaines timidités.

Prenez un Juif de Russie chez lui, sous sa thouloupe crasseuse, avec ses tirebouchons et ses boucles d’oreille et, après un mois de bains, il s’installera dans une loge à l’Opéra avec l’aplomb d’un Stern ou d’un Gunzburg.

Prenez comme opposition un brave entrepreneur de bâtisse français, enrichi très honorablement, il aura toujours l’air un peu emprunté et gêné, il fuira les milieux trop élégants. Son fils, né dans des conditions meilleures,