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saient au milieu de leurs ordures, au moindre mouvement on faisait feu.

Les députés conservateurs laissèrent tout faire, ils ne comprirent pas la parole de l’Ecriture : justitiæ Dei sunt rectæ, ils n’eurent ni les belles miséricordes ni les sévérités nécessaires. Ils causaient familièrement avec des hommes qui avaient usurpé le pouvoir et pénétré violemment dans l’ærarium et ils étaient impitoyables pour les malheureux qui, pressés par la misère, avaient accepté une petite place sous la Commune et barboté quelques sous dans une caisse où les gens du 4 Septembre, tous pauvres avant, tous riches après, n’avaient pas laissé grand chose.

Pour les infortunés de cet ordre ils étaient sans merci, ils ne trouvaient pas de tortures suffisantes pour les punir, ils les expédiaient au delà des mers dans des espèces de cages et regrettaient sans doute de ne pouvoir les envoyer tous au plateau de Satory.

Est-ce donc que le cœur des hommes de la droite fût cruel ou leur intelligence médiocre ? Non, seulement ils avaient le cerveau conformé d’une certaine façon, ils voyaient comme cela, ils étaient imbus des préjugés les plus bourgeois. Un homme, qui occupait une situation dans le monde, comme Jules Favre, pouvait tout se permettre, faire tuer des milliers de créatures humaines sans être jamais inquiété ; l’idée de fusiller un bâtonnier de l’ordre des avocats, un académicien, eût semblé sacrilège à ces gens polis, comme l’idée de livrer au bourreau un cardinal, un ’porporato’, l’eût paru aux souverains d’autrefois.

Les meneurs de l’Assemblée, d’ailleurs, avaient eu la soif du pouvoir et, au contraire, n’avaient jamais eu faim ; l’ambition leur semblait donc excusable dans ses plus abominables malfaisances, tandis que le malheureux, qui avait