Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lons fédérés du boulevard Malesherbes combattaient à la place de la Bastille, les bataillons de la rue Mouffetard étaient boulevard Malesherbes. Cette mesure facilita les incendies, car des hommes connus dans une rue auraient hésité à allumer le feu chez leurs voisins, elle rendit la répression plus rigoureuse. Une fois vaincus, les soldats de la Commune ne purent échapper aux balles, dans leur quartier ils auraient été au courant des issues, ils auraient trouvé de l’aide pour se cacher. Toutes les portes, au contraire, se fermèrent devant eux et ils tombèrent par centaines sur les trottoirs ou la chaussée.

L’idée des républicains de Versailles était également bonne. Les généraux avaient demandé qu’on fit marcher les gardiens de la paix en tête de chaque colonne. Grâce à leur connaissance de Paris, la ville eût été reprise en quarante-huit heures, et l’on ne fût pas, comme il arriva, resté une journée entière devant un mur qu’on pouvait tourner en quelques minutes. Picard et Jules Favre s’opposèrent à cette mesure et réussirent ainsi à rendre la lutte beaucoup plus longue, l’exaspération plus vive, le massacre plus barbare.

Aux fédérés fusillés à la Petite Roquette, à la caserne Lobau, au parc Monceau, à la porte de Versailles, il faut ajouter mille deux cents hommes qui, pour diverses causes, insubordination, tentative d’évasion, furent passés par les armes non sur le plateau, mais dans les bois de Satory, où l’on exécutait encore le 10 juillet. Il faut encore joindre a ce chiffre ceux que la maladie décima. Les prisons, les Chantiers notamment, furent un enfer. Les malheureux gardés par des gendarmes le fusil chargé n’avaient pas le droit de se lever pour satisfaire leurs besoins, ils croupis-