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c’est à l’intervention énergique de Fould et de la Juiverie que le frère d’Ernest Picard avait dû de sortir d’un fort mauvais pas[1].

  1. Voilà au surplus le récit de M. Henri Rochefort dans l’Intransigeant du 21 mai 1883, récit auquel M. Arthur Picard n’a opposé aucun démenti, quoique le Conseil général des Basses-Alpes l’ait mis en demeure de le faire. Quand de pareils gaillards sont mêlés à des comptes de liquidation qui comprennent deux ou trois milliards et qu’ils se trouvent en compagnie d’hommes de leur trempe, vous jugez si les écus doivent rouler.

    « Quand je siégeais à l’Hôtel de Ville comme membre du gouvernement de la Défense nationale, écrit M. Henri Rochefort, Raoul Rigault, alors secrétaire du préfet de police Kératry, me remit un rapport, trouvé dans les cartons de l’ancien préfet et signé d’un commissaire de police, qui racontait l’arrestation et l’incarcération à Mazas d’un boursier accusé d’avoir volé 300,000 francs à diverses personnes.

    « Ce récit offrait d’autant plus d’intérêt que le voleur était le propre frère d’un membre du gouvernement du 4 Septembre, contre lequel Gambetta nourrissait l’hostilité la plus vive. Rien de plus curieux, en effet : le détenu allait passer en police correctionnelle, quand l’Empereur eut l’idée de proposer au député de l’opposition, frère du misérable, de sauver sa famille du déshonneur, à la condition que le farouche opposant passerait insensiblement dans les rangs de la majorité.

    « Le marché fut accepté, et le parti qui s’est appelé un instant la « Gauche ouverte » naquit de ce lavage de linge sale. Eh bien, cet ancien pensionnaire de Mazas, vous vous imaginez sans doute que les Spuller, les Challemel et autres puritains l’ont exclu à jamais de leur groupe immaculé ? Détrompez-vous : ils l’ont recommandé au suffrage universel avec autant de chaleur qu’ils en ont mis à exorciser M. de Bouteiller. Il est aujourd’hui député, et c’est à eux seuls qu’il le doit.

    « Nous serons moins odieux que ces honorables, et nous ne nommerons pas le voleur dont ils ont fait leur ami. Malheureusement, notre discrétion sera sans doute inutile, car il est probable que dès les premiers mots tout le monde l’a déjà reconnu. »

    M. Henri Rochefort parle d’un commissaire de police parce qu’il se souvient d’un rapport de M. Martinet, du 31 juillet 1867, constatant qu’il avait été obligé d’expulser M. Arthur Picard de la Bourse où sa présence au milieu de ses dupes faisait scandale. Le rapport