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la france juive

Il faut absolument, écrit-il à Piétri à la date du 20 novembre 1868, que vous me fassiez savoir, par deux mots jetés à la poste, si vous avez reçu un envoi jeudi dernier 19, dans la soirée. C’était un travail pour l’Empereur et un autre pour le ministre, tous deux contenus sous un même pli à cinq cachets, que j’avais confié à M. Bleichrœder, banquier de Berlin se rendant à Paris[1].

Benedetti était à Berlin le locataire d’un Juif auquel, du reste, il oublia en partant de payer son loyer ; c’est ce qu’il a fait de plus spirituel dans sa carrière diplomatique.

La Correspondance slave a raconté, en 1872, comment un patriote tchèque avait remis à M. de Gramont un travail d’un considérable intérêt sur une alliance austro-française. M. de Gramont ne trouva rien de mieux « que de donner ce document à un Juif allemand qui se hâta, naturellement, de le publier dans les feuilles allemandes, au grand profit de son ami Bismarck. »

Dans de telles conditions, l’écrouloment n’a rien qui puisse surprendre ; il fut un coup de Bourse comme la catastrophe de l’Union générale. Tous les appuis étaient sciés d’avance et la Juiverie européenne étant d’un côté et la France de l’autre, il était facile de prévoir qui succomberait.

Tout faillit cependant manquer au dernier moment. Souverain humanitaire, homme au cœur profondément bon, être doué d’une faculté de voyant que neutralisait l’absence de volonté aggravée, cette fois, par une maladie terrible, Napoléon iii résistait tant qu’il pouvait à la pression de l’Impératrice qui, aiguillonnée par le Juif Bauer, s’écriait : « C’est ma guerre ! » Monarque chrétien, Guillaume sen-

  1. Papiers et correspondance de la famille impériale.