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la france juive

Il reconnaît, en 1862, dans son discours d’ouverture du cours d’hébreu au collège de France, que les Juifs forment partout une race à part. Dans sa conférence au cercle Saint-Simon, en 1883, il affirme contre toute évidence que le Judaïsme est non une race, mais simplement une religion.

Il faut ajouter que si les Juifs ont quelque intérêt à l’heure présente à faire soutenir publiquement par Renan cette thèse qui est absolument fausse, ils déclarent le contraire entre eux de la façon la plus précise et la plus formelle. Rien de moins équivoque que ce passage des Archives[1].

« Israël est une nationalité. » Nous sommes nés Juifs, « natu, » parce que nous sommes nés Juifs. L’enfant issu de parents israélites est Israélites. La naissance lui fait incomber tous les devoirs d’un Israélite. Ce n’est pas par la circoncision que nous recevons la qualité d’Israélite.

Non, la circoncision n’a aucune analogie avec le baptême chrétien. Nous ne sommes pas Israélites parce que nous sommes circoncis, mais nous faisons circoncire nos enfants parce que nous sommes Israélites. Nous acquérons le caractère d’Israélite par notre naissance et nous ne pouvons jamais perdre ce caractère ni nous en démettre ; même l’Israélite qui renie sa religion, même celui qui se fait baptiser, ne cesse pas d’être Israélite. Tous les devoirs d’un Israélite continuent à lui incomber.

Ajoutons que ces devoirs l’Israélite les remplit presque toujours, il sert sa race dans un autre camp et n’en est que plus utile à Israël. C’est généralement à lui, en effet, que les chrétiens s’abandonnent avec le plus d’ardeur, c’est à celui-là qu’ils confient leurs plus secrètes espérances.

Dans son désir de plaire aux Juifs, Renan ne s’émeut pas pour si peu. Après avoir constaté jadis que les prétendus

  1. Archives israélites, année 1864.