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aujourd’hui, soulevait alors de violentes protestations.

L’école romantique, qui avait ressuscité littérairement l’ancienne France, redressé beaucoup d’idées fausses, reconstitué avec leur couleur et leur relief les mœurs d’autrefois et l’existence des générations disparues, avait pu se rendre compte, dans son étude du passé, des raisons qui justifiaient la répulsion de nos aïeux pour le Juif.

Dans Victor Hugo, l’épithète d’immonde est presque toujours accolée au nom du Juif.

La société française protestait énergiquement contre l’ennemi qui allait la détruire par la ruse. Tout Paris, révolté par le luxe de mauvais goût que commerçait à afficher Nucingen, battait frénétiquement des mains à la scène de Marie Tudor, où Fabiani-Delafosse disait à Lockroy Gilbert : « Ils sont tous ainsi, ces Juifs. Le mensonge et le vol c’est tout le Juif. »

A l’inauguration du chemin de fer du Nord quelques fanatiques essayèrent de crier : « Vive Rothschild ! Mais aussitôt des sifflets et des huées se firent entendre. A Versailles, la foule s’amassait, en éclatant de rire, devant la Smalah d’Abdel-Kader où Vernet avait représenté Fould sous les traits d’un Juif s’enfuyant avec la cassette.

En ce temps-là on osait ce que personne n’oserait maintenant. On attaquait ouvertement Rothschild, on publiait et on vendait à 75, 000 exemplaires des brochures amusantes et spirituelles qui contiennent d’étonnants détails sur les tripotages de la Juiverie.

Cela s’appelait : Histoire édifiante et curieuse de Rothschild le roi des Juifs, — Rothschild Ier, ses valets et son peuple, guerre aux fripons, etc., et faisait la joie d’un Paris encore indépendant. Les Etrennes à Rothschild, Almanach des mille et un, avaient le même succès.