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Joseph II, on s’en remit de ce soin aux employés subalternes qui trouvèrent là une occasion de bénéfice. En payant quelques florins on avait un joli nom d’oiseau ou de fleur, un nom poétique ou de bon augure, on s’appelait brise du soir ou parfum du matin, Strauss, bouquet, Wolhlgeinch, bonne odeur, Edelstein, pierre précieuse, Goldader, veine d’or. Ceux qui ne payaient rien, en revanche, recevaient des noms ridicules ou désagréables, comme Galgenvogel, gibier de potence, Saenfer, ivrogne, Weinglas, verre à vin. En France, les Juifs furent laissés absolument libres le choisir leurs noms. La plupart, profitant de la tolérance de la loi pour les noms consacrés par l’usage, adoptèrent des noms de lieux, Lisbonne, Paris, Lyon, Marseille, les autres prirent des noms ordinaires, Picard, Flamand, Bourgeois, Clément, Laurent, beaucoup puisèrent dans le calendrier révolutionnaire et s’appelèrent Avoine, Seigle, Froment, Laurier.

Le nom le plus répandu est celui de Mayer[1]. Il est d’origine très reculée et figure dans l’Ancien Testament et dans le Talmud, il plait aux Juifs en évoquant pour eux l’image de quelque chose qui brille. Le vrai mot, en effet, est Meïr (éclatant, rayonnant), et dérive à la fois du mot or et du mot lumière.

  1. Le chroniqueur de l’Illustration a raconté jadis à ce sujet une amusante anecdote qui, hélas ! a autant d’actualité maintenant à Paris qu’en Allemagne, tant les Mayer sont nombreux chez nous.
        « De l’autre côté du Rhin, les Meyer avec un e, un a, un i, un y, pullulent autant et plus que les Durand en France : Meyer, Mayer, Mêyer, et les anas s’en divertissent.
        « Par exemple, un bourgeois de Berlin, Schultze ou Miller, arrive au théâtre en retard. La salle est pleine. Pas un fauteuil inoccupé,