Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. de Broglie essaya de faire mettre dans la loi : « Que la prestation du serment civique de la part des Juifs serait regardée comme une renonciation formelle aux lois civiles et politiques auxquelles les individus juifs étaient partout soumis. »

Un représentant, nommé Prugnon, que les Juifs avaient gagné, s’opposa à cette motion, sous prétexte que les lois civiles des Juifs étaient identifiées avec leurs lois religieuses. D’après Prugnon, c’était la France qui devait se soumettre aux Juifs et non les Juifs à la France[1].

L’assemblée, visiblement fatiguée de ces débats, décréta en ces termes la motion de Dupont :

L’Assemblée nationale, considérant que les conditions nécessaires pour être citoyen français sont fixées par la Constitution et que tout homme qui réunissant les dites conditions prête le serment civique et s’engage à remplir les devoirs que la Constitution impose, a droit à tous les avantages qu’elle assure.

Révoque tous ajournements, réserves, exceptions insérés dans les précédents décrets relativement aux Juifs qui prêteront le serment civique qui sera regardé comme une renonciation à tous privilèges et exemptions précédemment introduits en leur faveur.

Rewbell revint pourtant à la charge et demanda que

  1. La bonne et pieuse madame Elisabeth aperçut bien les malheurs que cette mesure attirerait sur la France. « L’Assemblée, écrit-elle à madame de Bombelles, a mis le comble à toutes ses sottises et irréligions en donnant aux Juifs le droit d’être admis à tous les emplois. Je ne puis te rendre combien je suis en colère de ce décret. Mais Dieu a ses jours de vengeance, et, s’il souffre longtemps le mal, il ne le punit pourtant pas avec moins de force. »
        Dans un discours prononcé au mois de mai 1872, Crémieux raille doucement l’innocente victime qui a été plus prévoyants que les politiques.