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le même jour des deux êtres si méprisés jadis, qui tiennent le haut du pavé dans notre société de cabotins et de tripoteurs. Il s’agissait de savoir si les membres de ces deux corporations intéressantes seraient admis aux fonctions publiques. Pour les comédiens la chose souffrit peu de difficultés, mais la discussion fut vive quand on aborda la question des Juifs.

Le débat commencé le 21 septembre 1789 se continua les jours suivants. Un gentilhomme prévoyant, M. de Clermont-Tonnerre, ne manqua pas de prendre la défense des Juifs, un de ses descendants du reste a été, je crois, fortement échaudé dans l’affaire de l’Union générale[1].

M. de la Fare, évêque de Nancy, vint raconter une jolie anecdote qui a été bien souvent rappelée à propos d’autres Juifs[2]. « Un jour, dit-il, que je m’étais transporté au milieu d’une émeute pour essayer de rétablir le calme, un des séditieux s’approcha de moi et me dit : « Ah, Monsieur, si nous venions à vous perdre nous verrions un Juif devenir notre évêque, tant ils sont habiles à s’emparer de tout. »

L’abbé Maury fit entendre quelques paroles de raison et montra, par l’exemple de la Pologne, ce qu’allait devenir la France mise à la glèbe par le Juif.

  1. Cet ami des Juifs lui-même fut puni de ce mauvais discours qui était une mauvaise action. « il avait vu, dès le matin du 10 août 1792, dit M. le comte de Reiset, dans son ouvrage les Modes et Usages au temps de Marie-Antoinette, investir son hôtel dans lequel on prétendait qu’il y avait des armes. Arraché des bras de sa femme et conduit à sa section, il avait été reconnu innocent et renvoyé chez lui. Lorsqu’il y retournait, un cuisinier, qu’il avait chassé, ameuta le peuple contre lui. Après l’avoir harangué, il reçut sur la tête un coup de faux et s’enfuit chez madame de Brassac, rue de Vaugirard. On l’y poursuivit jusqu’au quatrième étage et il fut tué.
  2. Qui ne connaît le mot de Monseigneur Dupanloup, à propos de Jules Simon : « il sera cardinal avant moi. »