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Les Juifs, apparaissent partout dans cette spéculation malpropre. Le premier argent remis en billets noirs à Mme La Mothe, par le cardinal, avait été fourni par le Juif Cerfbeer, il était représenté par trois effets de dix mille francs. Les dix premiers mille francs venaient, au dire de Mme La Mothe, de l’ancienne caisse de Poissy et avaient été donnés au cardinal par Cerfbeer à qui il avait fait avoir l’entreprise des fourrages pour le comte de Montbarrey. Les vingt autres mille francs venaient, toujours d’après elle, « de Cerfbeer que le cardinal avait fait soutenir dans son bail[1]. »

Cagliostro cependant ne fut pas dans ces épisodes scandaleux un simple escroc, ni même un thaumaturge vulgaire, il fut une manière de prophète. Le Juif, en effet, et c’est un fait que j’ai remarqué maintes fois, aime à annoncer par des paraboles et des figures le mal qu’il prépare. Dans le plus secret des agents il y a toujours le nabi.

Joseph Balsamo remplit ce rôle d’avertisseur et, afin qu’elle n’en ignorât, vint déclarer à la reine qu’elle appartenait à la Fatalité et que rien ne pouvait la sauver. Gambetta qui, sans compter une origine commune, se rapproche beaucoup de Balsamo, dans des conditions et des milieux différents bien entendu, employait volontiers les mêmes procédés que lui, il faisait volontiers le coup de la carafe, il esbroufait les gens, les déconcertait en leur annonçant d’avance des majorités, en prédisant l’avenir.

Il est évident que, s’il fût tombé sur un vrai Français d’autrefois, sur un brave et loyal soldat ayant du bon sens et du poil, on aurait fusillé notre nabi dans un coin sans que personne

  1. Campardon : le Procès du Collier.