Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étaient à vendre, troublant les esprits avec des prestiges ou des sornettes débitées avec un imperturbable aplomb.

Il faut se garder cependant d’attacher à ces préparatifs de la Révolution, indispensables d’ailleurs à étudier, les proportions étranges et fantastiques que leur ont données les dramaturges et les romanciers. Si l’écroulement est formidable, les moyens employés pour détruire l’ancienne France furent en réalité assez simples.

Les Francs-Maçons s’étaient débarrassés du seul ennemi qu’ils eussent sérieusement à craindre dans cette société inattentive et frivole : le Jésuite. Très délié, très perspicace, le Jésuite personnifiait l’esprit français en ce qu’il a de meilleur, le bon sens, l’amour des lettres, l’équilibre de l’intelligence qui firent notre XVIIe siècle si grand dans l’histoire ; très informé, sans l’être aussi bien que le Juif, il avait et il a encore pour lui un certain don de flairer l’aventurier cosmopolite, il le devine d’instinct, comme le P. Olivaint dans Jack de Daudet, devine immédiatement la noblesse de contrebande d’Ida Barency ; il aperçoit le point noir chez les êtres de cette nature, non point à un défaut dans les manières qui quelquefois sont correctes, mais à un certain manque de culture intellectuelle.

Le système d’éducation des Jésuites, en outre, leurs exercices de logique forment des hommes capables de réfléchir, de ne pas se laisser prendre aux mots[1].

  1. Joseph de Maistre a expliqué admirablement cet antagonisme. Un corps, une association d’hommes marchant invariablement vers un certain but, ne peut (s’il n’y a pas moyen de l’anéantir), être combattu et réprimé que par une association contraire. Or l’ennemi capital, naturel, inné, irréconciliable de l’illuminé, c’est un Jésuite.