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Le Juif étranger a plus le sentiment de cette situation que le Juif français, il paie d’audace et le Juif authentique, qui entre timidement dans le cabinet de M. Lenoir, croise souvent un arrogant personnage que le lieutenant de police reconduit en s’épuisant en serviles courbettes.

— Les gens de M. le comte de Saint-Germain ! crient les laquais dans l’antichambre.

Et parfois peut-être le Juif dit tout bas à son brillant coreligionnaire, en se penchant vers lui comme pour lui demander sa protection : « Tous mes compliments, mon frère Wolff, il est impossible d’être plus talon rouge. »

Ce qu’ils n’avaient pu faire au Moyen Age avec les Templiers, le Juif le faisait avec la Franc-maçonnerie, dans laquelle il avait fondu toutes les sociétés secrètes particulières, qui avaient si longtemps cheminé dans l’ombre.

Après les innombrables volumes publiés sur ce sujet, il me parait inutile de répéter ce que tous les historiens, Louis Blanc, notamment[1], ont écrit sur le rôle joué par la Franc-maçonnerie dans la Révolution. Il n’est plus contesté par personne non plus que la direction de toutes les loges ne fût passée alors aux mains des Juifs. Le Juif portugais Paschales avait fondé, en 1754, une société d’initiés, les Cohens, dont les idées furent vulgarisées par Saint-Martin. En 1776, le Juif Adam Weishaupt créait la secte des Illuminés qui se proposait, pour but principal, la destruction du catholicisme.

L’énigmatique comte de Saint-germain allait de ville en ville, portant le mot d’ordre mystérieux, resserrant le faisceau des loges entre elles, achetant partout ceux qui

  1. Voir dans L’Histoire de la révolution française le chapitre II du second volume : Les Révolutionnaires mystiques.