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M. de Ribbes, portent comme entête ces mots : Maison du Soleil d’Or.

Au premier abord même, on se croirait toujours dans l’auberge du XVIIIe siècle. Dans l’immense cour, qui a un peu l’air d’une cour de ferme, on aperçoit des poules, des dindons, des canards qui se baignent dans une mare, il semble qu’on n’attende qu’un appel de voyageurs pour mettre tout cela à la broche, une chèvre complète cet aspect rural.

La maison est attenante aux Magasins généraux, et de vastes hangars ont été construits pour déposer le trop plein des marchandises. Au premier étage est installé le bureau de l’inspecteur de la navigation pour le bassin de la Villette.

On ignore dans le quartier qu’il y a là un cimetière. Les Juifs cependant viennent le visiter quelquefois, qui sait peut-être se recueillir comme Abdolonyme, qui, de jardinier devenu roi, allait contempler dans un coin de son palais ses humbles vêtements qui lui rappelaient sa condition première.

Nul lieu n’est plus propre aux méditations. Le mur, noir de salpêtre, tombe en miettes. L’herbe pousse sèche et maigre dans cet enclos aride, qu’ombragent quelques arbres rachitiques. L’humidité a rongé les pierres tombales chargées de caractères hébraïques et rendu la plupart des inscriptions méconnaissables, l’endroit est utilisé maintenant comme lieu de débarras. Dans les coins on dépose des tessons de bouteilles et de la vieille ferraille. Sous la mousse verdâtre nous découvrons quelques inscriptions qui prouvent que le cimetière servait encore aux inhumations pendant la République et les premières années de l’Empire.

Ici repose la bien aimée Judith Delvallée Silveyra, âgée de 36 ans, née à Bayonne, décédée à Pantin, près de