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tenue, un mérite réel et un respect relatif, étonnant chez des Israélites, de la religion de ceux qui leur avaient accordé l’hospitalité.

Le syndic de ces Portugais était un homme auquel la science avait donné une situation à part, Jacob Rodrigue Pereire, l’inventeur d’une méthode pour faire parler les sourds-muets. Louis XV, frappé des expériences auxquelles il avait assisté, avait accordé en 1750 une pension à Rodrigue Pereire, en 1753, l’Académie des Sciences lui avait décerné un accessit pour un mémoire sur cette question : Quels sont les moyens de suppléer à l’action du vent sur les grands vaisseaux ; en 1765 enfin, il avait été nommé interprète du roi pour les langues orientales.

La considération personnelle du syndic s’ajoutait donc à la prévention favorable qu’on avait pour les Juifs Portugais.

Le gouvernement cependant qui connaissait, ou plutôt qui croyait connaître le Juif, tenait la main à ce que derrière ces individualités tolérables l’envahissement ne se produisit pas.

Une lettre de M. Lenoir adressée à Pereire et que la communauté fit imprimer, car, en définitive, elle était pour elle une garantie de certains droits subordonnés à une certaine conduite, témoigne de la sollicitude toujours un peu inquiète avec laquelle la vieille France veillait sur Israël[1].

  1. Copie d'une lettre dont l’original et l’enveloppe qui la contenait ont été déposés à M. Giraudeau, notaire à Paris, le 18 novembre 1777, Écrite le 15 du même mois, par M. Lenoir, conseiller d’état, lieutenant général de police de la ville, prévôté et vicomté de Paris au sieur Pereire, pensionnaire du roi, secrétaire interprète de S. M., de la société royale de Londres, agent de la nation juive portugaise de Paris, portant règlement pour les Juifs Portugais.