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bien le grand silence qu’Israël avait fait tout à coup autour de lui pour se consacrer à un travail souterrain contre la société. L’espèce de recueillement dans lequel le Juif était entré avait permis à l’Europe, pendant tout le XVIIIe siècle, de vivre relativement tranquille et de cultiver les Muses en paix avec des intermèdes de petite guerre qui, n’étant ni des conflits de race, ni des luttes de religion, ne tuaient pas grand monde. On se saluait de l’épée avant la bataille, on se serrait la main après et l’on allait ensemble à la comédie.


A la fin du XVIIIe siècle, cependant, quelques Juifs paraissent avoir réussi à s’établir à Paris dans des conditions bien précaires.

En dehors des nomades, plus ou moins receleurs, qui se glissaient entre les mailles de la loi, on tolérait dans la capitale quelques familles juives du rite allemand venues de la Lorraine et de l’Alsace, elles avaient pour syndic chargé de les représenter un nommé Goldsmith, dont les descendants, je crois, ont un hôtel somptueux rue de Monceau, et portent même un titre nobiliaire qu’ils n’ont certes pas gagné aux Croisades, elles étaient soumises à un exempt de police nommé de Brugères et devaient se présenter chez lui tous les mois pour faire renouveler leur permis de séjour, il restait le maître de refuser le visa et d’exiger le départ immédiat de Paris. C’était absolument, on le voit, la mise en carte qu’on applique à certaines catégories de femmes.

Outre ces familles, il existait encore à Paris une petite colonie de Juifs Portugais qui, originaires de Bordeaux, pour la plupart, participaient à la situation privilégiée qu’avaient méritée aux Juifs de cette ville une certaine