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l’on sent plus d’émotion que dans les pages ordinaires du sceptique.

Quelques-uns de ces proscrits vinrent chercher un asile à Bordeaux. Parmi eux se trouvaient Ramon de Granolhas, Dominique Ram, Gabriel de Tarragera, Bertrand Lopez ou de Louppes, les Goveas qui se firent assez rapidement comme jurisconsultes, médecins, négociants, une place dans la société de Bordeaux[1].

La mère de Montaigne, Antoinette de Louppes ou Antoinette Lopez, était donc Juive et ce fait n’est pas sans intérêt pour ceux qui aiment à expliquer par la filiation le

  1. Ici encore se vérifie ce que nous disions de l’influence du milieu pour le Juif. Malgré leur apparente exubérance, les Bordelais sont au fond des gens froid, et sérieux comme leur vin. L’Angleterre, qui a occupé si longtemps ces contrées, y a laissé un peu d’elle-même, de son bon sens, de son esprit réfléchi, les Bordelais, par bien des points, sont des Anglais plus capiteux. Israël, représenté d’ailleurs par des hommes de mérite, ne trouva pas là une population qu’il put troubler, mais une bourgeoisie très capable d’apprécier les sérieuses qualités commerciales des nouveaux venus. Plus que les lettres patentes d’Henri II, les dispositions générales des classes élevées protégèrent les arrivants, les détendirent, leur permirent de fonder un durable établissement.
        Notons en passant le côté vil de la race qui rend toujours le mal pour le bien. Sous la Terreur, dans une fête de la Raison, les Juifs de Bordeaux organisèrent une parodie sacrilège dans le genre de celles d’aujourd’hui, la Papauté, qui dans tous les pays du monde avait pris la défense des Juifs, était traînée dans la boue, un Juif d’une taille colossale marchait à la tête du cortège en vomissant des obscénités.
        Remarquons encore à ce sujet que c’est à Bordeaux que la Juive Déborah, pour déshonorer l’armée française, vint ourdir cette trame dans laquelle furent pris trois officiers qui étaient, selon toute apparence, absolument innocents, mais qui furent victimes du bruit que la presse juive fit autour de cette affaire.
        Au moment de l’exécution des décrets, toute la canaille juive de Bordeaux insulta dans la rue les religieux qu’on venait de chassez de chez eux.